Retour sur le ciné débat du 12 décembre 2024 : où va notre système de santé ?
Notre association UFC Que Choisir de Maine-et-Loire organisait le
12 décembre au cinéma des 400 Coups à Angers un ciné-débat sur
le thème : « où va notre système de santé ».
Le film présenté, un documentaire sur une cadre de santé partant
en retraite, « Madame HOFFMAN », (une histoire réelle), a bien
introduit les échanges de l’avis des 60 participants à
ce ciné-débat.
Ceux-ci par leurs propres témoignages ont mis en lumière les difficultés rencontrées par les équipes médicales et soignantes pour exercer pleinement leurs missions : elles sont souvent débordées, subissant des contraintes organisationnelles et budgétaires liées à une idéologie de productivité et de rendement en contradiction radicale avec les principes fondateurs du service public hospitalier.
A cet égard, nombre d’intervenants ont souligné les effets pervers de la mise en place, il y a 20 ans, de la « tarification à l’acte » en remplacement d’une « dotation globale de fonctionnement », ce qui a provoqué un délaissement des prises en charge « non rentables », particulièrement à l’égard des personnes en situation précaire et des patients âgés porteurs de plusieurs pathologies ou handicaps.
Certains spectateurs ont témoigné que le manque de moyens alloués aux hôpitaux publics aboutissait mécaniquement à réorienter les patients vers des cliniques privées, par ailleurs incitées par leurs actionnaires à sélectionner une clientèle « rentable ».
Sans vouloir opposer les secteurs publics et privés, qui rendent tous deux des services importants à la population, il a été également rappelé que les cliniques privées facturent souvent à un niveau excessif des prestations complémentaires, ce que les hôpitaux publics ne peuvent faire en raison de leurs statuts.
De surcroît, nombre de cliniques privées se spécialisent dans la réalisation d’actes médicaux ou chirurgicaux très techniques pour lesquels leurs équipes médicales imposent aux patients des dépassements d’honoraires très conséquents. Cela aboutit à une sélection de la « patientèle rentable », qui peut payer, les autres patients devant se tourner vers le service public hospitalier engorgé, débordé, et conduit à effectuer des prises en charges « non rentables » car moins techniques, fondées surtout sur une relation humaine difficilement quantifiable financièrement.
Enfin, des participants professionnels de santé ont souligné combien la dégradation de la prise en charge des patients, et conjointement des conditions de travail du personnel aboutissait à un grave manque d’attractivité des professions médicales et soignantes à l’hôpital public, à une fuite des professionnels.
Ceci pour une large part du fait d’une rémunération insuffisante, inférieure à la moyenne européenne.
Mais aussi en raison d’un manque de considération à tout niveau rejaillissant sur des relations et conditions de travail abîmées, à l’exact opposé de ce qui leur a été enseigné pour accompagner et prendre en charge les malades et leurs proches.
Mais comme l’a rappelé Gérard ALLARD, référent santé pour l’UFC Pays de la Loire qui animait ce débat, des solutions concrètes existent pour améliorer la situation des urgences hospitalières aujourd’hui engorgées et à la limite de la rupture :
- Par la mise en place de services d’accès aux soins non programmés soumis à de réelles exigences de service public, (accueil de tous les patients non programmés se présentant, sans sélection financière, et 24h sur 24).
La généralisation de l’appel au 116/117 pourrait constituer une partie de la solution, à moins que tous les professionnels de l’Urgence s’accordent pour l’usage d’un numéro unique d’appel pour toutes les Urgences : depuis 1991, tous les pays de l’Union Européenne se sont officiellement accordés sur la mise en place d’un numéro d’appel d’urgence commun le 112 !
Mais encore aujourd’hui, en France, le réflexe le plus efficace en cas de réelle urgence est de composer le 15, (appel SAMU).
- Par une politique incitative efficace de lutte contre les « déserts médicaux » géographiques, (manque de médecins généralistes en dehors des zones urbaines), et contre les « déserts médicaux » financiers, (difficulté pour certaines spécialités médicales de trouver des médecins ne faisant pas supporter à leur clientèle des dépassements d’honoraires.)
Ainsi la mise en place progressive, sur la base du volontariat, de communautés professionnelles territoriales de santé, (CPTS), permet sur nombre de territoires d’ouvrir des maisons pluriprofessionnelles de santé, (MSP), organisées pour offrir des prises en charges non programmées au profit de personnes n’ayant pas de médecin traitant. Mais ces MSP ont également un champ d’intervention plus vaste en regroupant également des professionnels de santé non médicaux, (infirmiers, kinésithérapeutes, psychologues, etc…)
Mais cela implique sur le fonds de restreindre dans le domaine de
la santé la logique de rentabilité qui – poussée à l’excès –
contrevient à la satisfaction de nos besoins fondamentaux en
matière de santé publique.