UFC-Que Choisir de Maine et Loire

Santé et bien être

L’accès aux soins est toujours problématique en France

 

Les études menées par l’UFC-Que Choisir comme celles des pouvoirs

publics concordent pour constater l’inégalité de l’accès aux soins, selon

la commune de résidence, sur le territoire français. Les médecins,

(généralistes ou spécialistes), sont désormais les seuls professionnels de

santé à pouvoir s’installer où ils veulent. Pourtant, des réformes ont permis

de réguler d’autres corporations : il serait grand temps d’égaliser ces

règles.

 

 

Une situation qui va s’aggraver

 

Les médecins en exercice qui vont bientôt partir en retraite sont ceux qui seront les moins bien remplacés, en raison de leur implantation actuelle majoritairement hors des grandes villes.

Cela veut dire que la situation des déserts médicaux va devenir encore plus préoccupante, si rien n’est fait pour inciter ces professionnels à mieux couvrir les territoires délaissés.

 

 

Quelques mesures marginales

 

Deux récentes réformes visent à rendre plus fluide l’accès aux soins. En tout cas, elles peuvent permettre aux patients de se soigner même en l’absence d’un médecin disponible.

 

  • La première concerne les ordonnances renouvelées périodiquement pour une maladie chronique (cholestérolémie, diabète, hypertension…).

Elles pourront servir à la délivrance des médicaments prescrits pour le traitement habituel, même après leur expiration, pendant un délai maximum de 3 mois (au lieu d’un mois auparavant).

Cette mesure devrait éviter certaines galères, lorsque le rendez-vous de reconduction n’a pas été anticipé, ou lorsqu’il est devenu difficile à fixer dans un temps rapproché.

Elle ne concerne pas les prescriptions de traitement ponctuel, à durée fixe, pour un malaise passager.

 

  • La deuxième ouvre l’accès direct à certaines professions paramédicales, sans prescription d’un médecin généraliste ou spécialiste.

Les métiers concernés sont par exemple les « infirmières de pratique avancée » (IPA). C’est une spécialité nouvelle, avec une formation adaptée, avec l’aptitude à soigner des pathologies chroniques complexes, comme le diabète.

Les orthophonistes et kinésithérapeutes exerçant en établissement de santé (clinique, hôpital, centre médical) sont également accessibles directement par les patients, sans avoir à passer préalablement par le médecin.

Toutes ces prestations sont alors remboursées par l’assurance maladie.

L’objectif ici est d’alléger la charge des médecins, dont certaines missions ou actes assez ordinaires ne justifient pas leur compétence avancée.

C’est ainsi que les infirmières seront désormais autorisées à prendre en charge le traitement des plaies simples ou prescrire des examens complémentaires. Les IPA déjà citées sont aptes à prescrire certains soins, et pas seulement à valider leur renouvellement.

 

 

Une réforme décisive, mais limitée

 

L’été dernier, une véritable révolution a été entérinée par la convention des chirurgiens-dentistes avec l’Assurance maladie : Pour ces professionnels (libéraux ou salariés), dans les zones déjà très bien pourvues, une nouvelle installation ne sera possible que pour remplacer un départ.

C’est une règle contraignante dans ces communes, mais de portée limitée en réalité, puisque celles-ci ne concernent que 10 % environ de la profession. Pour 90 % des chirurgiens-dentistes, la liberté d’installation demeure le principe sur une grande partie du territoire.

Mais c’est un premier pas vers ce qui devrait s’appliquer à tous. Ainsi, l’implantation des pharmaciens a été régulée dès 1941, celle des infirmiers en 2008, et des kinésithérapeutes depuis 2019.

Dès lors, les médecins s’accrochent à leurs privilèges, et jouent de leur importante influence au Parlement pour éviter ou retarder une mesure de régulation de leur implantation. Ils sont pourtant de plus en plus seuls à bénéficier d’un avantage invraisemblable, dans un contexte de répartition irrationnelle des installations.

C’est aussi de moins en moins acceptable pour les patients défavorisés, usagers d’un service public de santé qui finance en grande partie l’activité de ces professionnels.

Toutes ces évolutions et résistances expliquent pourquoi l’UFC-Que Choisir se mobilise cet automne pour faire avancer nos demandes de réforme dans le système de santé. Celles-ci portent principalement sur les conditions d’exercice des médecins :

 

  • D’une part, il est temps d’instaurer des mesures plus contraignantes pour des implantations raisonnées en fonction des besoins de la population.

 

  • D’autre part, il faut mettre fin au développement incontrôlé des dépassements d’honoraires, en supprimant le conventionnement (remboursement par l’Assurance maladie) du secteur 2 (tarifs complètement libres).