La fracture sanitaire en Maine et Loire
Moins criante que dans d’autres départements de notre région, (la Mayenne par exemple), la fracture sanitaire touche cependant une bonne partie de la population de Maine-et-Loire, dès qu’ils s’éloignent de l’agglomération d’Angers.
Notre département a la chance de bénéficier à Angers d’un centre hospitalier universitaire formant de futurs médecins, qui vont pour une part s’installer en Maine-et-Loire à la fin de leurs études.
Par ailleurs nous avons globalement un bon réseau routier et autoroutier qui permet aux personnes habitant dans des zones rurales de se rendre assez facilement dans les trois centres urbains ayant un hôpital général : Angers, Cholet et Saumur.
Cependant, l’étude initiée par Que Choisir au niveau national démontre par le biais d’une carte interactive que le Maine et Loire n’est pas épargné par ce phénomène de désertification médicale , particulièrement dans les endroits les plus éloignés des agglomérations.
Cette carte interactive de la « fracture sanitaire » a été établie pour les médecins généralistes ainsi que pour trois spécialités dites « d’accès direct », c’est-à-dire pour lesquelles le rendez-vous n’est pas conditionné à une consultation préalable chez un médecin traitant : les pédiatres, les gynécologues et les ophtalmologues.
Méthodologie :
Pour mesurer la fracture sanitaire, l’UFC-Que Choisir a calculé trois indicateurs d’accessibilité :
– Le premier indicateur mesure uniquement l’accès géographique. Il inclut tous les praticiens de chaque profession, ne tenant donc pas compte des prix qu’ils pratiquent.
– Le deuxième indicateur identifie l’accès géographique et financier avec des dépassements d’honoraires « modérés ». Il se limite aux praticiens fixant en moyenne un prix ne dépassant pas de plus de 50 % le tarif de la Sécurité sociale7, soit le taux moyen de prise en charge par les complémentaires santé.
– Le troisième indicateur mesure l’accès géographique et financier sans dépassements d’honoraires. Il propose de ne tenir compte que de l’offre des praticiens dont les consultations respectent le tarif de la Sécurité sociale (secteur 1). Il s’agit du plus strict. En effet, il part du postulat que les patients se limitent strictement aux praticiens ne pratiquant pas de dépassements d’honoraires.
Le traitement des bases de données sur l’accessibilité géographique aux médecins, ainsi que sur les tarifs pratiqués, a été réalisé par une école de commerce de Lille, la SKEMA Business School.
Une fois les indicateurs calculés pour chacune des quatre professions, les communes ont été classées selon leur situation en comparaison avec la moyenne nationale.
Ainsi, a été établie la classification suivante :
- Désert médical : au moins 60 % en dessous de la moyenne nationale d’accessibilité
- Accès difficile aux médecins : entre 30 et 60 % en dessous de la moyenne nationale
- Accès inférieur à la moyenne : entre la moyenne nationale et 30 % en dessous
- Accès supérieur à la moyenne : entre la moyenne nationale et 30 % au-dessus
- Accès très supérieur à la moyenne : Au moins 30 % au-dessus de la moyenne nationale
Attention : cette classification relative ne nie pas la situation de pénurie de médecins sur l’ensemble du territoire, mais illustre la mauvaise répartition de l’offre de praticiens libéraux.
Pour connaitre votre situation au regard de cette enquête, ouvrez le lien ci-dessus et tapez votre code postal :
Carte interactive de la fracture sanitaire – UFC-Que Choisir
Il résulte de cette étude au final un constat global : L’accès géographique et financier aux soins en France est déplorable.
Ceci singulièrement pour les femmes et les enfants. En effet, un quart des femmes et un quart des enfants vivent respectivement dans un désert médical gynécologique et un désert médical pédiatrique, (il y a «désert médical» dans les zones où la densité médicale est au moins 60 % inférieure à la moyenne nationale).
Quant à l’accès à un médecin généraliste, clé de voûte du système de soins en France, il est particulièrement difficile pour pas moins de 15,3 millions d’habitants de notre pays. Ceci alors que les pouvoirs publics estimaient en 2018 entre 3,7 millions et 7,4 millions le nombre de Français vivant dans une zone sous-dotée en généralistes.
Enfin, par cette étude il est démontré que les déserts médicaux concernent aussi bien les zones rurales qu’urbaines en prenant en compte la combinaison de la dimension géographique et financière.
Les mesures d’incitation à l’installation menées par les pouvoirs publics depuis 15 ans sont en réalité inefficaces.
Il est donc impératif que le législateur :
- Interdise aux médecins de s’installer en zones surdotées, à l’exception du secteur 1, (tarif de la Sécurité sociale), quand la situation l’exige.
- Ferme l’accès au secteur 2, (à honoraires libres), et supprime les aides publiques aux médecins ne respectant pas le tarif de la Sécurité sociale.
Cela implique une véritable volonté politique, aujourd’hui inexistante en dehors des effets de manche, pour permettre un égal accès aux soins à tous. Et pour ce faire, la seule solution est de réguler l’installation des praticiens et de mettre un terme aux dépassements d’honoraires.
Surmonter les corporatismes, c’est enfin avoir le courage d’affirmer qu’en contrepartie de la gratuité des études médicales, les citoyens français sont en droit d’exiger du monde médical de supporter un minimum raisonnable de contraintes d’installation.
Mais les pouvoirs publics ne pourront également faire l’impasse sur l’obligation en parallèle de combler l’actuelle situation de pénurie de médecins sur l’ensemble du territoire, au-delà de la problématique d’une mauvaise répartition de l’offre de praticiens libéraux
Pour lire l’ensemble de l’étude, suivez le lien ci-dessous :
Etude Fracture sanitaire – UFC Que Choisir – 8 novembre 2022