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Hausse des prix : Pourquoi ça augmente en 2021

Avec l’allègement des contraintes sanitaires, le commerce reprend à un rythme soutenu. Mais la forte demande affole les marchés mondiaux, et les prix des matières premières flambent. Les conséquences sur notre porte-monnaie sont déjà perceptibles.

 

 

 

 

Le monde d’après ? Il ressemble à celui d’avant, en plus congestionné ! À peine les restrictions liées à la crise sanitaire allégées, la population s’est ruée sur les biens de consommation. La demande mondiale a bondi et, avec elle, le commerce international des produits, mais aussi des matériaux et de l’énergie, qui servent à les fabriquer ou à les transporter. Résultat : des embouteillages de porteconteneurs dans les ports, des retards de livraison et une hausse des prix que les aléas climatiques et les tensions diplomatiques se sont chargés de transformer en flambées. Les répercussions sont déjà visibles sur nos factures de gaz et de carburant. D’autres majorations mettront plus de temps à atteindre notre porte-monnaie, telles celles des denrées alimentaires, à moins qu’elles ne soient absorbées par les acteurs économiques au nom du pouvoir d’achat des ménages. En octobre, l’inflation était contenue à 2,6 % sur un an, dont seulement 0,6 % pour l’alimentaire mais déjà 20 % pour l’énergie (1).

La reprise très rapide désorganise le commerce

Qui dit redémarrage de l’économie, dit besoins en énergie (gaz, pétrole et électricité) et en matériaux de toutes sortes (bois, métaux, minerais, plastique, etc.). Seulement, « la reprise de la demande est plus vigoureuse qu’anticipée », explique Sébastien Jean, directeur du Centre d’études prospectives et d’informations internationales (Cepii). En ayant sous-estimé son ampleur, les fabricants courent après les fournitures, engendrant des augmentations de tarifs que le moindre incident décuple. Les sources d’énergie ont été les premières concernées, et gaz et pétrole se rapprochent dangereusement des niveaux atteints lors de la précédente crise mondiale, en 2007-2008. Les conséquences sont déjà perceptibles en France sur les factures de chauffage et le montant d’un plein ; le gazole a pris 22 % depuis janvier et les SP95/SP98, 20 % ! Les matériaux ne sont pas en reste, avec + 114 % pour le PVC, + 107 % pour l’acier ou encore + 26 % pour l’aluminium.

Face à ce rebond tous azimuts, les usines tournent à flux tendu. Et chaque rupture de stock en matériaux entraîne des retards de livraison, voire carrément des arrêts de chaînes de fabrication. En Europe, les constructeurs automobiles ferment certains sites de production durant plusieurs semaines faute de composants électroniques, tandis que les délais de remise des voitures aux clients s’allongent. Le secteur du bâtiment peine également à tenir la cadence, du fait des difficultés d’approvisionnement en matériaux de construction ou de la flambée de leurs prix. Une conjoncture parfois empirée par des décisions politiques. « Dans plusieurs pays, des mesures exceptionnelles ont été prises qui aggravent la pénurie de matières, précise Sébastien Jean. Ainsi, la Russie a interdit l’exportation de son bois brut vers la Chine, pour le transformer et l’utiliser sur place, et conserver la valeur ajoutée sur le marché intérieur. Cette dernière s’est donc adressée à d’autres fournisseurs, provoquant des tensions sur ce segment. » Le bois de construction a vu sa cotation quadrupler au printemps, avant que la bulle ne dégonfle.

Les effets de la crise sanitaire persistent

Y aura-t-il des jouets à Noël ? La question taraude les parents, au vu des reportages alarmistes sur les problèmes de livraison provenant de l’empire du Milieu. Les ports chinois fonctionnent au ralenti en raison de mesures d’hygiène très strictes destinées à contenir l’épidémie de coronavirus, alors même que le volume de marchandises qui y transitent a crû de 11 % en 2021, selon l’Organisation mondiale du commerce (OMC). L’activité du deuxième plus grand site portuaire du pays, à Ningbo, a été partiellement stoppée deux semaines en août, à la suite d’un cas de covid parmi les employés. À ces goulets d’étranglement s’ajoutent des perturbations du trafic routier et des pénuries de charbon (donc d’électricité) à cause de problèmes d’acheminement vers les centrales électriques. La Chine n’est pas un cas isolé. Dans les ports américains et européens, les retards s’accumulent, dont certains impossibles à résorber avant les fêtes de fin d’année malgré des cadences accélérées. En France, les enfants devraient néanmoins trouver leurs jouets au pied du sapin, le secteur ayant anticipé les commandes. Et leurs parents n’auront pas à débourser beaucoup plus que prévu, les catalogues ayant été imprimés avant que la situation se détériore.

Le dérèglement climatique perturbe plusieurs secteurs

Gel, pluies abondantes, inondations, cyclones, sécheresse et canicule : en 2021, divers endroits du globe ont subi un certain nombre d’aléas climatiques qui ont pesé sur le secteur agricole. Conséquence, les cours des céréales, des huiles et du soja se sont envolés de façon spectaculaire. Par exemple, le Canada, premier producteur et exportateur mondial de blé dur, a souffert du fameux dôme de chaleur ; ses récoltes ont chuté d’un tiers à cause de ce dernier.

D’autres activités ont été perturbées. Les ouragans qui ont frappé le golfe du Mexique ont provoqué l’évacuation de centaines de plateformes pétrolières cet été, tandis que le déficit de précipitations a handicapé la production industrielle un peu partout : les cours d’eau, à un niveau très bas, ont empêché les usines hydroélectriques de tourner, affecté le refroidissement des réacteurs nucléaires et entravé la fabrication dans plusieurs secteurs très consommateurs d’eau, tels que les semi-conducteurs, le textile, la chimie ou l’extraction minière. La transition énergétique et environnementale engendre par ailleurs des tensions, ponctuelles ou sur la durée. Ainsi, pour respecter les quotas annuels d’émissions de polluants imposés par Pékin, des régions entières ont mis leurs industries à l’arrêt pendant plusieurs semaines en septembre.

Les tensions géopolitiques font empirer la situation

Les diverses tensions géopolitiques n’arrangent rien. En raison de crispations diplomatiques, la Chine a par exemple suspendu ses contrats commerciaux de blé et de charbon avec l’Australie, son premier fournisseur. Elle achète désormais le premier en Europe et le second en Colombie, mais c’est plus loin, donc plus cher ! La Russie, quant à elle, utilise le gaz naturel comme moyen de pression vis-à-vis de l’Union européenne, très dépendante de ses livraisons – ce qui n’est pas de nature à calmer les prix. Autre mesure : Moscou a instauré une taxe à l’exportation dissuasive sur le blé russe. Cela lui permet de contenir sur son marché intérieur une hausse consécutive à une mauvaise récolte et d’éviter le mécontentement populaire. Or, en réduisant l’offre, cet acteur majeur du marché planétaire de céréales affole les cours mondiaux. Pour autant, faut-il redouter une spirale inflationniste ? Les distributeurs ont annoncé avec force communication qu’ils baisseraient leurs marges sur les carburants, à l’instar de Carrefour, Casino et E.Leclerc, ou sur une partie de leurs produits de grande consommation, comme Lidl. Jusqu’à quand vont-ils temporiser ? La Banque de France pronostique un apaisement des tensions courant 2022, en particulier pour le gaz. Mais le ministre de l’Économie, Bruno Le Maire, semblait plus pessimiste sur BFMTV, le 20 octobre dernier : « Je ne vois pas d’amélioration avant la fin de l’année 2022, au mieux… »

Transport maritime : Les conteneurs restent en rade

Des centaines de porte-conteneurs, chacun transportant plusieurs milliers de conteneurs, sont bloqués dans les ports en attendant d’être chargés ou déchargés. Les retards de livraison s’accumulent malgré des docks fonctionnant 24 heures sur 24. Les tarifs, eux, s’envolent : acheminer un conteneur de 40 pieds (le plus grand) en Europe depuis Shanghai (Chine) coûte jusqu’à 10 fois plus cher qu’avant. Au point que certains commanditaires annulent leurs achats, craignant de ne pas être livrés à temps pour Noël ou de ne pas rentrer dans leurs frais.

Fabricants et vendeurs, partout dans le monde, se sont émus des bénéfices colossaux encaissés par les majors du transport maritime. Ils les accusent de restreindre le nombre de navires en circulation pour faire grimper les prix. Le gouvernement américain a ordonné une enquête fédérale, et des acteurs du commerce en Europe réclament la même initiative de Bruxelles.

Inflation alimentation : le calme avant la tempête ?

Si la progression des prix des denrées alimentaires est restée modérée en 2021, tous les ingrédients sont présents pour que les tarifs montent l’année prochaine. Les premiers soubresauts ont touché les fruits et les légumes d’été, à cause d’une météo défavorable (gel, sécheresse…). L’abricot a vu son coût moyen grimper de 12 % entre janvier et août par rapport à 2020 ; la cerise, de 21 % et la pêche, de 9 %. « Les rendements de certains d’entre eux ont aussi pu être affectés par les épisodes de pluie », précise Interfel, l’interprofession de la filière. Depuis, les prix des denrées alimentaires se sont assagis dans les grandes surfaces. Cependant, ce n’est qu’un répit, car tous les voyants sont au rouge. Les aléas climatiques qu’a connus la planète cette année ont détérioré les niveaux de productions chez les principaux exportateurs (États-Unis, Canada, Russie, Ukraine). Ils engendrent la hausse des cours mondiaux, accentuée par la spéculation, l’accroissement de la population et la fonte des stocks de céréales censés compenser les mauvaises récoltes. Les augmentations se répercutent en Europe malgré des récoltes locales convenables. Le blé tendre y est passé de 160 € la tonne au printemps à un record de 280 € en octobre.

Le poids de l’énergie

En parallèle, la reprise économique, en faisant flamber les prix de l’énergie, du transport, des emballages, ou encore des engrais, alourdit les coûts de production au champ, mais également dans les élevages et les usines de transformation. « Toutes les matières premières agricoles sont en hausse : produits laitiers, céréales, huiles, confirme l’entreprise de plats traiteur frais Sodebo. Les matériaux que nous utilisons pour la fabrication de nos emballages sont également concernés. En exemple, l’indice du plastique a bondi de 55 % par rapport à 2020. » Si le coût des emballages préoccupe les industriels, les paysans, eux, scrutent celui de l’engrais azoté, incontournable en agriculture conventionnelle. En effet, son prix a été multiplié par 2,5 en quelques mois ; la faute au gaz naturel, son principal ingrédient, dont la moindre augmentation est répercutée immédiatement. Quant aux huiles et au sucre, ils sont directement impactés par le prix de l’or noir : qui dit pétrole cher, dit recours plus important aux agro carburants, dont ils sont constitutifs. « La principale raison de la hausse des matières premières agricoles, ce sont les mauvaises récoltes, mais si les cours s’envolent aussi haut, c’est dû au renchérissement de l’énergie », souligne Arthur Portier, du cabinet d’analyse Agritel.

Des répercussions très probables

Les prix au détail ont peu bougé jusqu’à présent, les différents acteurs du secteur agroalimentaire absorbant une partie des augmentations. Il n’y a néanmoins « aucun signe de détente d’ici à la fin de l’hiver, alors que le poulet coûte déjà 20 % de plus à élever », s’alarme François Cholat, président des fabricants d’aliments du bétail. « Les prix de nos produits ont été stables cette année. Toutefois, au regard des hausses des matières qui se poursuivront en 2022, nous allons reconsidérer notre position, avec un probable relèvement », prévient Sodebo. Les industriels ont déjà annoncé la couleur : ils comptent obtenir des tarifs majorés lors des prochaines négociations commerciales avec la distribution (lire l’encadré). Répercutée sur une baguette de pain à 1 €, la hausse du prix du blé entraînerait un surcoût de 0,02 € – sans compter les autres frais (transport, broyage, cuisson). Et de 0,10 € pour une boîte de six oeufs à 1 €. Concernant les pâtes, les fabricants ont déjà grappillé quelques centimes auprès des distributeurs. Le blé dur a pratiquement doublé (de 270 à 500 € la tonne) entre mai et septembre, le Canada, premier producteur et exportateur de la céréale, ayant vu ses récoltes drastiquement baisser à cause de températures estivales extrêmes. « La production mondiale a atteint à peine 33 millions de tonnes (Mt), alors que la consommation s’élève à 36 Mt, s’inquiète le syndicat de la filière. C’est la pire crise de notre histoire ! Nous puiserons dans les stocks, toutefois, ils sont limités. Il y aura une pénurie de pâtes au printemps. » Le consommateur doit aujourd’hui débourser 0,30 € de plus par kilo. Un montant certes dérisoire à lui seul, mais qui se cumulera aux probables augmentations à venir.

Depuis janvier, la cotation du blé dur français a flambé de + 74 %. Une telle augmentation se répercutera inévitablement sur le prix du paquet de pâtes en rayon dans les prochains mois.

Les prix des bouteilles des différentes huiles suivent la hausse des cours du colza (+ 59 % depuis janvier) et du tournesol (+ 23 %).

* Relevés de prix sur 4 265 drives de 9 enseignes (Auchan, Carrefour, Casino, Chronodrive, Colruyt, Cora, Intermarché, E.Leclerc et Système U), entre le 4 janvier et le 24 octobre 2021, sur 843 références pour les pâtes et 175 références pour les huiles.

Une nouvelle loi pour fluidifier les relations commerciales

La loi du 18 octobre 2021, dite « Egalim 2 » (1), devrait apporter davantage de poids aux industriels face à leurs acheteurs de la distribution, lors des négociations commerciales annuelles. Après huit années de déflation, le secteur agroalimentaire exige des hausses de tarifs pour compenser l’envolée des coûts de production. Gageons que les échanges avec les distributeurs seront plus tendus que jamais, au nom de notre pouvoir d’achat.

(1) Elle complète la loi Egalim de 2018 « pour l’équilibre des relations commerciales dans le secteur agricole et alimentaire », qui n’a pas réussi à pondérer les rapports de force entre industriels et distributeurs.

Inflation gaz et électricité : la concurrence balayée par la flambée des prix de gros

Entre le retrait de leurs offres commerciales et le coup de massue sur les prix facturés à leurs clients, la plupart des énergéticiens sont aux abois. Explications.

Si l’explosion du prix du gaz provient de la forte reprise économique qui intervient partout dans le monde en même temps, elle s’explique également par d’autres facteurs internes à l’Union européenne (UE). Au début de l’automne, ses stocks étaient au plus bas. Il fallait absolument les reconstituer avant que le froid hivernal ne s’installe, dopant ainsi la demande au plus mauvais moment. De plus, à l’exception de la France qui dispose de son parc nucléaire, l’électricité est produite de plus en plus souvent dans des centrales à gaz en Europe, le charbon étant délaissé, car très polluant. Enfin, la Norvège et la Russie, nos principales sources d’approvisionnement, ont toutes deux réduit leurs exportations. La première en raison de lourdes opérations de maintenance sur ses plateformes de forage en mer du Nord. La seconde, plus important fournisseur de l’UE en 2019, pour faire pression sur les pays membres afin qu’ils acceptent le très contesté gazoduc Nord Stream 2, et surtout dans le but de les pousser à signer des contrats de long terme. Attitude qui n’est guère en phase avec les grands discours actuels sur la neutralité carbone ! En attendant une éventuelle entente entre Bruxelles et Moscou, les consommateurs trinquent et subissent les hausses démentielles du tarif du gaz, qui culmine à des niveaux jamais atteints.

Tarif explosif !

Pire encore, alors que le parc de centrales nucléaires en service en France depuis les années 1970 fournit de l’électricité à un coût compétitif, son prix de gros en Europe ne dépend quasiment que de celui du gaz. Depuis l’ouverture du marché à la concurrence, c’est en effet le dernier moyen de production employé qui fixe le tarif. Or, il s’agit en général des centrales à gaz. Très souples d’utilisation, elles viennent en complément des autres modes de production lorsqu’ils ne suffisent pas à répondre à la demande. Si bien que le prix de gros de l’électricité a flambé en même temps que celui du gaz. « Le marché unique européen de l’électricité ne marche pas, il est aberrant », déclarait, fin septembre, Bruno Le Maire, ministre français de l’Économie. On ne saurait mieux dire !

Les conséquences de cette dérive haussière des prix de gros ont été rapidement perceptibles. C’est la grande débandade sur les marchés du gaz et de l’électricité. Démarrée en septembre, elle continue à s’amplifier. Les uns après les autres, beaucoup de fournisseurs d’énergie ont supprimé leurs offres commerciales, ne proposant plus rien à la souscription. Car si l’ouverture à la concurrence avait fait émerger de nombreux acteurs, ils étaient issus du monde des affaires ou tout droit sortis d’écoles de commerce. Ils n’ont jamais produit le moindre kilowattheure (kWh) de gaz ou d’électricité, mais ont décidé d’en vendre en s’approvisionnant sur les marchés de gros. Les tarifs y sont depuis toujours très volatils, avec des hauts et des bas. Le business était néanmoins rentable en achetant aux moments propices. Avec la flambée actuelle, à des niveaux prohibitifs, ce modèle ne fonctionne plus du tout.

Contraints de se fournir sur ces marchés, ils subissent de plein fouet l’explosion des prix. Pour éviter la faillite, ils s’empressent de la répercuter sur leurs clients. À titre d’exemple, la marque Happ-e d’Engie, qui commercialisait des offres à – 10 % sur le prix du kWh hors taxes (HT) par rapport au tarif réglementé, est subitement devenue inabordable à la mi-octobre. Son kWh électrique est passé, du jour au lendemain, à 25 centimes toutes taxes comprises (TTC) en option de base, quand le tarif réglementé d’EDF s’élève à 16 centimes ! Idem avec l’heure pleine à 29,70 centimes contre 18,20 centimes, et l’heure creuse à 21,40 centimes au lieu de 13,60 centimes. Happ-e ne suit d’ailleurs qu’un mouvement quasi général. Les souscripteurs de l’opération « Énergie moins chère ensemble » organisée par l’UFC-Que Choisir en 2019 en savent quelque chose. Ils témoignent en masse des propositions tarifaires insensées que leur fait ekWateur, le lauréat, à l’issue de leur contrat : un abonnement plus cher qu’en tarif réglementé et un kWh beaucoup plus onéreux, que ce soit en gaz ou en électricité.

Une note très salée pour les usagers

D’ailleurs, assommer ses clients avec une hausse de prix spectaculaire est désormais une règle de survie pour de nombreux énergéticiens. Tel est, entre autres, le cas de GreenYellow, Mint Énergie, Planète Oui et Dyneff, qui ont pratiqué des augmentations phénoménales ; la liste est loin d’être exhaustive. Vattenfall, le leader suédois de l’électricité, s’est même retiré du marché du gaz. Quant à Eni, le mastodonte italien du secteur, il a presque jeté l’éponge. Après avoir usé et abusé de méthodes de vente peu orthodoxes et même illégales pour engranger un maximum d’abonnés, il se contente désormais de commercialiser son offre Webeo à un tarif tellement prohibitif qu’il faudrait être fou pour souscrire. En ces temps d’explosion des prix sur les marchés de gros, seuls les fournisseurs ayant signé des contrats d’approvisionnement de long terme ou, surtout, les gros producteurs d’énergie peuvent résister. C’est exactement ce qui se passe en France avec EDF, qui bénéficie du parc nucléaire du pays, ou TotalEnergies (nouveau nom du groupe Total), l’un des plus gros producteurs de gaz au monde, qui profite à plein de la hausse des prix. Pour Engie, premier opérateur gazier en Europe, c’est plus compliqué. S’il a de grosses capacités de transport et de stockage de gaz, il n’en produit pas.

Comment éviter ces augmentations spectaculaires ?

L’important est de se mettre à l’abri des hausses exponentielles qui feraient exploser les factures de chauffage, notamment cet hiver.

En électricité, c’est le tarif réglementé d’EDF qui vous protège le mieux, même s’il augmente de 4 % en février prochain.

En gaz, l’offre classique de TotalEnergies est la plus intéressante. Indexée sur le tarif réglementé, elle est à – 5 % sur le KWh hors taxes. Elle restera stable, car le tarif réglementé est bloqué à son niveau actuel tout au long de 2022. De plus, l’énergéticien étant un gros producteur de gaz, il ne risque pas de souffrir de la hausse des prix de gros. Souscrire une offre à coût fixe serait une erreur puisque les prix sont à leur plus haut niveau historique.

Bon à savoir. Les règles du marché de l’énergie étant spécifiques, la durée d’une offre à prix fixe n’engage que l’énergéticien. Le client peut le quitter à tout moment sans aucune pénalité, et le changement de prestataire est gratuit. Il est inutile d’informer son fournisseur : c’est le nouveau qui s’occupe des démarches. Cela dit, si le contrat actuel à prix fixe est inférieur au tarif réglementé d’EDF ou à l’offre gaz classique de TotalEnergies, il vaut mieux le conserver jusqu’à son échéance avant de le résilier.

(1) Selon les chiffres provisoires de l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee).

 

Quechoisir.org – 18 novembre 2021 – Elsa Casalegno et Élisabeth Chesnais